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mardi 3 juillet 2012

Et si vous passiez un charmant été entre adultes ?

"Hier, je suis passée devant un lycée. C'est comme ça que j'ai appris que c'était un jour "spécial" pour beaucoup d'ados en France. J'ai reconnu dans les visages crispés, les yeux gênés, les sourires cachés derrière les mains et les petits groupes tendus, prêts à exploser de joie ou de chagrin, l'attente. Hier, sur tous les murs des lycées de France, on a affiché la Liste. Hier, tous les ados de France ont su quel serait leur sort.

Chers internautes,

J'ai lu dans ces jeunes visages cette attente que je connais bien...

Je me suis sentie proche de ces filles et de ces garçons agités, préférant être seuls ou agglutinés les uns aux autres pour se chauffer le coeur, riant trop fort, cherchant le mot  pour distraire les esprits, se remontant le moral en refaisant ensemble, en dix minutes, le bilan de l'année scolaire, pour anticiper l'évidence, deviner la sentence... Sans pouvoir l'empêcher, tous les masques sont tombés. Bosseurs, tire-au-flanc, premières de la classe, geignards, littéraires, sportifs, rêveuses... tous ont su hier.

Je me suis sentie proche d'eux parce que je suis moi aussi passée par cette attente nerveuse, cet état incertain où l'on ne sait s'il faut rire ou pleurer, où l'on n'ose pas penser au résultat, où l'on prie sans se faire voir et où l'on espère avoir donné le meilleur de soi-même pour ne pas revenir l'année prochaine, même lieu, même heure, même appréhension dans les yeux.

Cette attente, cet état indéterminé du corps et de l'esprit, dans lequel je me retrouve à chaque moment important de ma vie, je les ai bien reconnus.

Je cherche, alors que j'écris, quels sont les jours spéciaux pour nous qui sommes entrés dans l'âge adulte. A quoi détermine-t-on d'ailleurs ce passage? Ici, il n'y a pas de cérémonie ni de rite d'initiation, pas de remise de prix, pas de souscription ni de lettre d'admission "Bonne ou bon pour le service", pas d'uniforme, pas de guide pratique ni de service après-vente.

Etre adulte se voit-il à l'état de notre corps ? Plus on a les dents jaunies plus on est adulte? Plus on peut compter de traces d'opérations chirurgicales, plus on est sage? Ou bien alors, plus on entend les os craquer quand on s'assoit, plus on a d'expériences de vie à partager? Etre adulte se détermine-t-il à l'aune des choix que nous faisons? Rester le plus longtemps possible à s'emmerder au même poste de travail, ou détenir le record d'amis les plus ennuyeux du monde? Comptabiliser le taux le plus fort de fêtes programmées, commémorant des évènements abstraits, dans les mêmes lieux anodins, en meute ? Ou parler très fort pour ne rien dire, s'imposer, embrasser des causes auxquelles on ne croit pas, juste parce qu'il est de bon ton d'opter pour un bord et de porter ses couleurs cousues sur la poitrine? Devenir adulte se mesure-t-il aux relations que l'on a avec son entourage? Silencieuses et amères, superficielles et tranquilles, mais fidèles au poste, attention! Ou devient-on adulte parce qu'on a des responsabilités ? Un adulte accompli a-t-il le droit de fuir, d'abandonner, de rêver de liquide amniotique?

J'attends de savoir quand je serai autorisée à être une adulte.

La Mode aime piocher, mêler, confondre toutes les périodes et les références. Les modes passent, le style est éternel. J'aime à penser de la même manière qu'être adulte c'est revêtir un costume changeant et permanent et qu'il faudrait s'inventer des moments-clés ou des épreuves à la manière de certaines tribus, des cycles, se créer des repères ou des critères pour distinguer les vrais adultes des contrefaçons, s'inventer des signes pour se reconnaitre n'importe où, se sourire et avancer dans la confiance, repousser les fausses fraternités...

Pour ma part, depuis peu,  je fête mes réussites, note mes changements d'état pour mon autobiographie future ainsi que la traversée obligée d'étapes que je n'ai pas décidées et les désillusions qui vont avec. Dans la colère, les cris, la fureur, la joie... J'aime l'idée de "saison". Aussi, pour accueillir l'été, je me suis rasée le crâne, j'ai acheté une corde à sauter à paillettes qui joue en boucle Girls just want to have fun de C. Lauper, je me suis faite tatouer sur l'épaule du milieu "Toujours vivante malgré vous !" à côté de "Ma peau de vie, vous l'aurez pas." de l'été dernier et je me suis engagée à tenir, en parallèle de mes sujets culturels et artistiques favoris, un journal de rencontres insolites.

Et vous, que faites-vous pour célébrer votre condition d'adulte... et l'été 2012 ? "

© ema dée