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mardi 30 décembre 2014

Les Corneilles, des animaux familiers ? : scène d'un genre ordinaire


"Juillet 2014 à Gennevilliers. Avec deux animatrices, j'emmène un groupe d'enfants de 3 à 4 ans dans un parc qu'ils connaissent très bien. Ils y vont souvent avec leurs parents ou leurs grands frères et soeurs. Ici, il y a une ferme, des aires de jeux, de grandes étendues d'herbe bien entretenue, des arbres en bonne santé, variés, un petit théâtre de marionnettes et un lac, avec un petit train qui fait tout le tour du parc. Se sont installées depuis peu, des buvettes avec chaises, tables et parasols. Et des vendeurs de glaces ainsi que des vendeurs de souvenirs, boules et ballons aux couleurs appétissantes et  attractives sont irrésistibles.
 
Notre petit groupe vient pique-niquer sur des marches après avoir déambulé à travers la petite ferme et admiré notamment de méchantes oies, des vaches planquées derrière leur étable, des chèvres bruyantes et des coqs complètement dingues. Sur le chemin, les enfants arrachent gaiement des souvenirs à la nature : fragments minuscules de feuilles sèches, herbes et racines terreuses, fleurs sans pétales et tiges sans fleurs, le tout est fourré avidement dans des sacs customisés par les enfants eux-mêmes. Les sacs vont de petites mains en petites mains, les petits pieds - à loisir - piétinent le butin floral : les enfants se relaient pour porter les précieuses trouvailles.
 
Nous sommes tous heureux de nous poser, enfin. 

A peine sommes-nous installés et les premières tomates et sandwichs distribués, qu'une corneille vient se poser non loin de nous. Le volatile se met à discuter. Rires des enfants, inquiétude de mes collègues qui n'aiment pas ce genre de bestioles dont elles connaissent l'avidité et l'effronterie légendaires. Les corneilles ont mauvaise réputation. L'oiseau ne discute pas, il appelle ses copines. Bientôt, quatre volatiles nous surveillent du coin de l'oeil et s'approchent en trottant. Ricanements des enfants, crispations des collègues. Des gamins amusés se lèvent pour leur donner à manger. Je bondis mi-excédée mi-effrayée. J'explique : ne pas nourrir les oiseaux, qui viendront plus nombreux, forcément ! Les oiseaux n'attendent pas qu'on les serve pour rameuter leurs copains. Le nombre fait la conviction. En peu de temps, ce sont les oncles, les tantes et les cousins qui ont rappliqué. Je revois, l'espace de quelques secondes, une scène des Oiseaux d'Alfred Hitchcock. Cris enthousiastes des enfants et murmures étouffés de mes collègues. 

Les corneilles s'enhardissent. Elles s'approchent. Elles trottent. Elles bavardent. Entre elles.
 
Je me lève. Je parle une autre langue en faisant des moulinets avec mes bras. La meute de corneilles s'envole. Mais pas si loin que ça et pour très peu de temps. A peine me suis-je rassise qu'un couple de volatiles revient. L'air bravache. Comme pour nous tester. Mouvement d'excitation chez les enfants, terreur de mes collègues. Je me lève. Je parle une autre langue en faisant des moulinets avec mes bras. Deuxième couplet. Le couple s'éloigne en sautillant. J'y vois une forme d'ultime provocation. Je m'énerve un peu. Pourtant, je ne montre rien, les enfants doivent se sentir en sécurité. Beaucoup d'entre eux apprécient ce spectacle en plein air. Les enfants ne nous écoutent d'ailleurs plus vraiment, les volatiles les ont libérés de notre surveillance maternelle. Ils vont pouvoir manger en même temps des chips avec des quartiers de clémentines, porter à la bouche un morceau de pain tombé par terre ou renverser le contenu de leur bouteille d'eau sur les sandales des copains, c'est normal -" il fait chaud aux pieds".
 
Les volatiles nous ont cerné, nous avons peur, très peur. Pour les enfants. Pour nous. Les corneilles ont dû se passer le mot car elles viennent de plus en plus nombreuses. Ce qu'elles veulent, notre nourriture. Tout simplement. A force de quémander, elles finissent par l'avoir, je leur balance des bouts de sandwichs abandonnés par les enfants et qu'elles se disputent avec violence. J'en lance de plus en plus, de plus en plus loin et de plus en plus vite. La pitance n'a pas le temps de toucher le sol, elle est happée dans les airs par les insatiables oiseaux. Pendant ce temps, notre groupe se hâte de quitter les lieux...  Nous en rirons sur le chemin du retour au centre."
 
D'autres histoires anxiogènes vous attendent dans mon recueil Peurs. Images et Textes que j'ai publié avec Blurb.  Je consacre en effet un chapitre - intitulé Familiers - à des situations inconfortables liées aux animaux.

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Peurs. Images & Textes
102 p. Avril 2014. Blurb.

 © ema dée 

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