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vendredi 28 octobre 2016

Un peu de Langue et de Culture créoles au déjeuner ?

En cette journée festive où il convient de célébrer la richesse de son héritage culturel* et évoquer ses enjeux, penchons-nous sur un des aspects fondamentaux de la Créolité, sa langue, et plus précisément, attardons-nous un moment sur un mot particulier, d'origine inconnue et presque disparu aujourd'hui - malheureusement, le verbe créoler. Très en vogue dans la diaspora créole jusque dans les années 1960-1970, il fut rayé des manuels scolaires et des dictionnaires Créole-Français/ Français-Créole à cause de son incapacité à s'ouvrir à la Modernité. De récentes réapparitions de ce mot - confidentielles et très localisées - semblent prouver néanmoins sa vitalité et son permanente actualité.

créoler :

- Pimenter agréablement une conversation : Il créole divinement ! 

- Fait d'agrémenter un plat pour une fête familiale : La mère créolait dans sa cuisine depuis le lever du jour en écoutant la radio France Culture.  


- Réunir des matériaux de natures et de provenances disparates pour la composition d'une pièce délicate : L'artiste Hervé Télémaque créole ses oeuvres peintes.
 
- Défendre un point de vue avec force mouvements de poignets et de hanches dans une assemblée publique : L'annonce de la baisse du prix de vente à l'exportation de la banane guadeloupéenne fit créoler les cultivateurs mécontents.

- Être capable de s'adapter à environnement de dimensions physique ou symbolique étroites : Parce qu'elle créolait bien, l'étudiante trouva rapidement sa place dans des associations universitaires internationales influentes.

*

Verbe du 1er groupe - le verbe créoler est transitif direct
Le verbe créoler peut se conjuguer à la forme pronominale : se créoler
Le verbe créoler se conjugue avec l'auxiliaire avoir

Par exemple :

Indicatif
- Présent
Je créole
Tu créoles
Elle, il, on créole
Nous créolons
Vous créolez
Elles, ils créolent


Indicatif -  Passé simple
Je créolai
Tu créolas
Elle, il, on créola
Nous créolâmes
Vous créolâtes
Elles, ils créolèrent 


"Tous voulaient créoler de concert ; ils créolèrent donc ensemble sans interruption jusqu'à minuit telles des hordes de volatiles." (Duf. L'env. du Mad., 2015, p. 157)


* Une première illustration du sujet se cache ici.

© ema dée

mardi 18 octobre 2016

Je me souviens de ma première semaine du Goût


Du 10 au 16 octobre dernier, a été célébrée un peu partout en France, la fameuse semaine du Goût, instaurée il y a 27 ans pour promouvoir l'éducation au goût et l'expertise culinaire des chefs et des artisans en France. Ainsi, au restaurant quatre**** comme à la cantine, petits et grands gourmands ont pu laisser s'emballer leurs papilles et faire ripaille autour de l'idée de mieux manger pour vivre mieux.

Improzine n'a pas été en reste et a eu envie à sa manière de se joindre à la liesse qui a festoyé en Province et à Paris.

Il paraît que la mémoire des odeurs est la plus forte d'entre toutes les mémoires ; le goût est indissociable des autres sens, du toucher, de la vue... mais il entretient avec l'odorat une histoire d'amour particulière. 

Sentir serait se souvenir. Sentir serait goûter un peu.

http://improzine.blogspot.fr/search/label/Semaine%20du%20Go%C3%BBt

Impossible pour moi de retenir plus longtemps les images qui remontent par vagues sucrées - salées depuis ma mémoire : 

... Je me souviens d'un plateau or et argent recouvert d'huîtres baveuses et dégoulinantes un soir de Noël
Je me souviens de la barbe à papa rose et dodue des fêtes foraines qui disparaissait en fils sucrés et aériens dans ma bouche
Je me souviens d'une langue de bœuf brune et plate sous sa sauce orange parsemée de curieux points verdâtres
Je me souviens des boules de coco blanc à pompons rose fushia importées des Antilles
Je me souviens de pépins de pastèque
Je me souviens d'une pâte de fruits
Je me souviens des bonbons à la violette de la boulangerie rue Henri Say
Je me souviens des mots en lettres rondes et claires sur le bord de mon assiette de soupe au vermicelle
Je me souviens des pommes acides aux joues rouges volées et dévorées en cachette dans un verger privé
Je me souviens des artichauts à la vinaigrette
Je me souviens des mini barquettes de groseilles écarlates aperçues rue Saint-Ouen
Je me souviens de la tranche de pain d'épices nappée de beurre salé mangée au centre aéré
Je me souviens de la pulpe rouge d'un quartier d'orange sanguine qui dégoulinait sur mes doigts à la cantine
Je me souviens des dattes au miel de la mère de Fatima
Je me souviens des murs de vignes noires du Périgord 


Je me souviens d'une boule de glace au melon dans sa gaufre au caramel achetée Place de la République
Je me souviens de cigarettes en chocolat
Je me souviens des bananes frémissantes dans le beurre-rhum brun-citron-cassonade
Je me souviens de buissons de mûres et de fraises des bois sous une pluie bretonne
Je me souviens d'une île flottante
Je me souviens de sucettes plantées dans un jardin d'école maternelle
Je me souviens d'un gros carré de chocolat noir 100% cacao et de sa noisette énorme et beige couverts de mousse chevelue
Je me souviens de soucoupes volantes mauves fondantes et piquantes sur la langue
Je me souviens du jus d'orange en poudre 
Je me souviens de la purée de légumes tricolore aplatie lissée à la fourchette soigneusement puis projetée sur mon voisin hilare
Je me souviens du pain chaud tout juste sorti du four le dimanche avant la messe
Je me souviens de mes colliers en sucre à croquer
Je me souviens d'éclairs au café
Je me souviens d'un mille-feuille dégusté péniblement
Je me souviens de la peau dorée - grasse et croustillante - du poulet rôti-frites du jeudi midi
Je me souviens de mes orgies de citrons jaunes
Je me souviens d'un plat de blettes drôlement suspectes 
Je me souviens d'un bol de lait de chèvre servi sur un nuage...

© ema dée

mercredi 12 octobre 2016

La saveur délicate de l'imprévoyance


Dans le cas où
Peut-être que si
Dans l'attente de
Prévoir un plan de secours

Des fois que ?

Si jamais je devais
Au cas où il faudrait
S'il convient plutôt de
Penser à une alternative à

Qui sait ?

S'il arrive que
On ne pense jamais à
Parfois c'est quand même
Mieux d'avoir une autre idée

C'est plus commode !

Mais ça peut empêcher de
Le fait d'avoir pensé que
C'est comme si déjà

Alors on se précipite vers
Alors on se projette vers
Alors on se prépare à
Un échec cuisant
Ou une réussite de petite envergure
Ou un aboutissement de seconde zone

Donc
Il faut s'empêcher de
Éviter absolument de
Surtout ne pas

Autant que faire se peut.

© ema dée

dimanche 9 octobre 2016

Une mouette lancée dans l'Espace


J'écris la plupart du temps à partir de mes souvenirs et de réflexions personnelles sur mon propre parcours ou je me projette dans les interrogations de mon entourage. Par jeu ou par contamination. La référence à la structure du conte traditionnel, à des procédés de découpages (journal intime, liste, compte à rebours, dialogue, abécédaire) ou encore à la mécanique du rêve ou de la pensée - souvent obsessionnelle - soutient la rédaction de mes textes narratifs et poétiques.

L'écriture et l'invention littéraires prolongent mon expérience quotidienne - vécue plus que pensée - et font émerger en les lissant pour les embellir ou mieux les étudier mes souvenirs enfouis. En cela, elles me permettent de réécrire ma vie. 

En quelque sorte.

Une contribution est une réelle stimulation et un cadre très valorisant pour bousculer mes habitudes littéraires, les questionner et les mettre à l'épreuve de nouveaux sujets qui sont autant d'espaces - inédits ou restés dans l'ombre - à conquérir par les mots, que d'occasion d'explorer mes faces cachées - inhabitées encore, mais partageant avec mes idées fixes un lien de proximité.

C'est dans ce mouvement créatif que je réponds à l'appel à contribution lancé par la revue Espace(s) pour son n°13, Traces et résidus.

*

https://www.facebook.com/revue.espaces/
 

La revue fait partie des nombreuses actions conduites par l'Observatoire de l'Espace, laboratoire arts-sciences du CNES (Centre National d'Études Spatiales), dont l'objectif est de "rapprocher dans une culture commune les univers de la création et des sciences".  Chaque numéro de la revue est construit "autour d'une thématique différente" et rassemble des "textes contemporains variés tant par leurs genres littéraires que les profils de leurs auteurs."

Le CNES développe un programme intitulé Création et imaginaire spatial dont le but est de "jeter de nouvelles passerelles entre l'Espace et la Création artistique". C'est une vraie opportunité offerte aux artistes - et dans toutes les disciplines - d'avoir un accès privilégié à l'univers spatial et de proposer un regard singulier sur les questions et problématiques soulevées hier, aujourd'hui et demain, par l'exploration spatiale.

*

http://nsm08.casimages.com/img/2016/10/09//16100907494914387614546642.jpg
Le sourire de la Mouette, cahier de voyage. p 162 à 165

"La Mouette" est le surnom donné à Valentina Terechkova, ouvrière du textile, sélectionnée pour être la première femme à effectuer seule un voyage spatial à bord du Vostok 6 en 1963. Intégré au chapitre Exploration de la revue, mon texte "poético-documentaire", nourri à la source de la réalité, se présente comme un extrait d'un cahier de voyage rédigé par la jeune astronaute au cours de cette expérience. Avec un brin d'ironie, il s'intéresse à la dimension émotionnelle de cette aventure...

Un numéro auquel ont participé ou contribué :
Jakuta Alikavazovic, Éric Pessan, Hélène Frappat, Christine Montalbetti, Loïc Pantaly, Olivier Perriquet, Vincent Odon, Cédric Hoareau, Fanny Chiarello, Thomas Vinau, Nicolas Tardy, Philippe Annocque, Fabienne Radi, Olivier Bleys, Coline Pierré, Mariette Navarro, Sabine Macher, Charles Pennequin, Karin Serres,  Magali Lefebvre, Marie Gallimardet, Eloïse Lièvre, Luvan, Gabriel Mettewie et moi, donc.

Pour découvrir les activités de l'Observatoire de l'Espace et suivre son actualité, c'est ici : http://www.cnes-observatoire.net/

Pour découvrir tous les numéros de la revue Espace(s) déjà publiés, c'est là :

© ema dée